Tribune: « Enfin, le président Tshisekedi déplace le centre de gravité du paysage politique de la RDC (Prof Jean-Denis Kasese)

Dorénavant, tout ne tournera plus autour du sénateur à vie Joseph Kabila et de sa plateforme électorale, le Front Commun pour le Congo.

Effectivement, en République Démocratique du Congo, le centre de gravité politique s’est déplacé! La patience du président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo face aux  » humiliations  » subies , n’a jamais été, me semble-t-il, une faiblesse mais bien plus qu’une force ; en réalité: une stratégie.

Dans ce même ordre d’idées ,nous pouvons aussi constater qu’aujourd’hui ,le pouvoir du président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo: s’habille, se dessine, se précise et se raffermit.

Après seulement deux années au pouvoir , son habileté politique a surpris nombre de politiciens congolais et d’observateurs de la vie politique de la République Démocratique du Congo.

Que des passes d’armes ponctuées des faits majeurs ,ont regorgé et regorgent l’actualité politique :

  • La « suspension » du projet de loi Minaku-Sakata;
  • La démission du Ministre de la justice, Célestin Tunda Ya Kasende ;
  • L’asphyxie du Front Commun pour le Congo ( FCC) causée par les coups de semonce et de massue lui donnés;
    -L’ effritement de l’ancienne majorité parlementaire;
  • La déchéance de la présidente de l’Assemblée nationale, l’honorable Jeanine Mabunda;
  • La désignation du sénateur Modeste Bahati Lukwebo comme informateur afin de requalifier la majorité parlementaire;
  • Le ralliement de nombre de transfuges du FCC à l’Union Sacrée de la Nation prônée par le président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo;
  • Le ralliement de LAMUKA  » aile Katumbi-Bemba » à l’Union Sacrée de la Nation;
  • La destitution du Premier Ministre , chef du gouvernement, Sylvestre Ilunga Ilunkamba par l’Assemblée nationale, entraînant ainsi la chute de son gouvernement
  • L’ effectivité d’une nouvelle majorité parlementaire composée de 391 députés en faveur du président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Que des leçons magistrales de stratégie politique données par le président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Cela dit et tout compte fait, maintenant que le décor tant voulu semble bel et bien planté ; et maintenant que le président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a les mains libres pour s’adapter aux exigences fluctuantes de l’intérêt général ; et maintenant que le président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo peut jouir , sans être  » humilié « ,du principe d’indisponibilité des compétences administratives (ce principe nous renseigne qu’ne autorité administrative doit exercer elle-même, toutes les compétences qui lui sont attribuées et, ces compétences sont ainsi indisponibles à d’autres autorités administratives sauf texte contraire. Par exemple la délégation de compétences ou de pouvoirs).

comment pourrait-il s’y prendre pour mettre à profit les trois années de son mandat qui lui restent ?

MA RÉFLEXION

« Tout vient à point à qui sait attendre » (Clément Marot ; Élégie XIV (1525).

En effet , la patience du président Félix Tshisekedi Tshilombo face aux  » humiliations  » qu’il a subies par ses partenaires politiques du FCC ( comme il l’a souligné lui-même) s’est avérée au finish, être une stratégie.
Il est bien réel qu’aujourd’hui, le centre de gravité politique en République Démocratique Congo s’est déplacé.

Il me semble que tout ne tournera plus comment auparavant, autour de l’ancien président de la République Joseph kabila et de sa plateforme électorale, le FCC.

Cette réalité devra en principe aider le président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à matérialiser sa vision politique centrée, comme il le dit lui-même , sur l’intérêt général: « Le peuple d’abord« .

Sans prétention aucune, je voudrais mettre en exergue, de par ma réflexion, quelques pistes qui pourraient contribuer à la réalisation de sa vision centrée, comme il l’a souligne, sur l’intérêt général.

De l’Union Sacrée de la Nation

L’Union Sacrée de la Nation en tant qu’un mouvement qui se veut démocratique et, émanant de différentes organisations politiques, semble nous démontrer qu’au-delà des clivages politiques et des intérêts partisans ; nombre de nos politiciens congolais auraient compris, peut-être par sursaut de patriotisme, qu’il serait plus que temps de construire notre pays afin de booster son développement intégral.

L’Union Sacrée de la Nation devrait être comprise non seulement comme un mouvement regroupant différentes organisations politiques de notre pays mais aussi comme un nouvel élan dans lequel adhèrent des Congolais soucieux du développement intégral de leur pays .

Par ailleurs, la mise sur pied de l’Union Sacrée de la Nation me semble être riche en renseignements.

L’ Union Sacrée de la Nation serait, à mon sens , bien plus qu’une coalition politique. En réalité, elle aurait bougé des lignes des théories scientifiques.

Pour s’en convaincre :

A titre comparatif, si il est difficile aux étudiants en Science politique des démocraties occidentales de comprendre ,si tel était le cas dans leur configuration politique : Comment des socialistes, des communistes, des libéraux, des écologistes, des nationalistes, des socio-chretiens, des unitaristes, des fédéralistes, des confédéralistes ayant des idéologies et doctrines politiques différentes, pourraient se mettre d’accord afin de produire un programme gouvernemental commun en vue d’ une gouvernance commune ;

A fortiori, il est aussi difficile à nos étudiants congolais en Science politique de comprendre comment dans cet élan démocratique qu’a pris notre pays sous le régime du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, un conglomérat de 24 regroupements politiques congolais ayant des idéologies et des doctrines politiques différentes, peuvent se mettre d’accord afin de sortir un programme commun du futur gouvernement en vue d’ une gouvernance commune.

L’ adhésion massive et libre de ces différents regroupements politiques congolais dans l’ Union Sacrée de la Nation qui se veut démocratique, déplaçant ainsi le centre de gravité politique de notre pays, prouve à suffisance qu’il est plus que temps pour nous, Professeurs et Chercheurs congolais de repenser l’organisation démocratique notre régime politique et de notre système politique tout en tenant compte de nos propres réalités.

De la composition du nouveau gouvernement

Si nos décideurs politiques devraient tenir compte de la dimension géopolitique afin de répartir les portefeuilles ministériels ;

Si nos décideurs politiques devraient réduire sensiblement la taille du futur gouvernement afin de diminuer les dépenses publiques ;

Si nos décideurs politiques devraient tenir compte des compétences, des intelligences qui sont dans leurs partis politiques afin de les nommer dans le futur gouvernement ;

Si nos décideurs politiques devraient tenir compte de la probité morale et éthique et , du dévouement des futurs membres du gouvernement ;

Si nos décideurs politiques devraient prendre en compte le renouvellement de la classe politique à travers ce futur gouvernement ;

Toutefois, ces décideurs politiques devraient se souvenir que toutes les compétences et toutes les intelligences que regorge notre pays ne se retrouvent pas seulement dans leurs partis politiques. Et de surcroît, le profil que devraient avoir les membres du futur gouvernement, ne se retrouve pas seulement non plus , dans leurs partis politiques. Loin s’en faut !

Outre les partis politiques, ces compétences et intelligences se retrouvent aussi dans la société congolaise dans sa globalité et dans sa diversité.
Ce serait illusoire de croire que le salut des Congolais proviendrait seulement des partis politiques.

La construction d’un pays nécessite la prise en compte de toutes les compétences et de toutes les intelligences de ce pays dans la répartition des fonctions et postes de commandement. Dans ce même registre, la dépolitisation de l’ Administration publique congolaise devrait être aussi , un élément moteur pour le développement intégral de notre pays.

Des ministères régaliens

Étant donné que c’est la vision du président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui servira de cadre pour conduire les affaires de l’État congolais sous ce nouveau paysage politique , comme il l’a souligné lui-même ; et étant donné que c’ est le président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui devra rendre compte aux congolais à la fin de son mandat ;

Il me semble logique que des ministères régaliens comme ceux : de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères, de la Justice, des Finances, de l’Économie, …reviennent au chef de l’Etat afin de matérialiser sa vision. Il pourrait ainsi placer des personnes de son obédience qui devraient être à même de porter haut sa vision politique.

Ces personnes ne devraient pas être toutes, nécessairement issues du parti politique qu’il présidait autrefois. Pourquoi ne pas chercher quelques intelligences et compétences en dehors des patis politiques car le salut des Congolais est d’abord et avant tout l’affaire de tous les Congolais de bonne foi , sans distinction aucune.

Des urgences et des priorités

L’ amélioration des conditions sociales des Congolais , la sécurité dans tout le pays et principalement à l’Est du pays, l’intangibilité de toutes nos frontières, l’amélioration des conditions de vie des enseignants pour une meilleure formation de l’élite du pays, l’investissement dans la recherche scientifique afin d’anticiper et de planifier les réels besoins du développement intégral du pays , la diversification de notre économie et la création des richesses, la redistribution équitable des fruits de la croissance , la paix sociale, …. devraient être le centre de l’action du futur gouvernement.

De la prise en compte de toutes les compétences et intelligences congolaises dans la gestion de la chose publique en vue du développement intégral de la RD Congo

Pour sa part, le président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo avait déjà donné le ton en privilegiant, dans sa vision centrée sur la nomination des mandataires publics : « Les critères de compétence et de moralité à celui de l’appartenance politique pour éviter la politisation du Portefeuille de l’Etat, outil important pour la bonne gouvernance du pays« .

Dans cette ligne déjà tracée par le président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ; nos décideurs politiques devront ainsi matérialiser sa vision dans l’exercice de choix des candidats dans différents postes et differentes fonctions étatiques à l’échelle globale et nationale.

Dans cette même lignée, nos décideurs politiques élus , qui ont été soumis à l’exercice du suffrage universel direct et qui influent dans le choix des animateurs dans les institutions de notre Etat ; devraient se souvenir que tous les Congolais qui les ont votés, ne les connaissent pas tous personnellement mais , ils ont fait plutôt confiance en leurs personnes et à leurs projets politiques.

Ces décideurs politiques devraient, me semble-t-il, à leur tour , retourner l’ascenseur en faisant aussi confiance aux compétences et intelligences congolaises qu’ils ne connaissent pas non plus personnellement, en leur donnant l’opportunité de pouvoir bénéficier des fonctions et des postes de commandement afin de construire notre pays.

Tout est donc question de confiance mutuelle et cela à tous les niveaux , dans la perspective de booster le développement intégral de la RD Congo.

Jean-Denis Kasese, Professeur à l’Université Pédagogique Nationale ( UPN), Professeur Associé, Chercheur et Collaborateur Scientifique à l’Université Libre de Bruxelles (ULB)

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