Prix Marc-Vivien Foé 2023 : Chancel Mbemba, la force tranquille de l’OM et de la RDC

Enfin ! Pour la première fois de son histoire, le prix Marc Vivien-Foé récompense un défenseur. Le pilier de la charnière centrale marseillaise, Chancel Mbemba, remporte l’édition 2023 du prix Marc-Vivien Foé remis par France 24 et RFI. Chancel Mbemba est à la fois deuxième Marseillais à recevoir le prix, André Ayew l’avait gagné et le deuxième Congolais après Gaël Kakuta en 2021. Une consécration pour le roc de la défense marseillaise. Il devance au classement le milieu de terrain ivoirien Seko Fofana (RC Lens), lauréat du Prix Marc-Vivien Foé 2022, et l’attaquant nigérian Terem Moffi (OGC Nice). Il a été désigné par un jury de près de 100 personnes spécialistes du football français et africain (journalistes, consultants, anciens joueurs…) à partir d’une liste de 11 joueurs préalablement établie par les services des sports de RFI et France 24.

Arrivé libre à l’OM à l’été 2022, il a confirmé toute la confiance placée en lui par le président Pablo Longoria et l’entraîneur Igor Tudor qui en a fait un rouage essentiel de son système. Personnalité solaire et attachante, le Congolais a su conquérir les cœurs du Vélodrome et de tous les fans de Marseille, inscrivant même sept buts lors de ses 43 apparitions. Une saison pleine récompensée par une place au sein de l’équipe-type de Ligue 1 lors des trophées UNFP.

Formation d’électricien

Aîné d’une fratrie de neuf enfants, Chancel Mbemba est né et a grandi à Kinshasa. Il se voit devenir électricien, mais au MK Étanchéité où il joue au football, son talent est remarqué. Avec ce défenseur de 1m80, l’équipe ne prend jamais l’eau, à tel point qu’on le surnomme « Axe » : « Comme le déodorant, un hommage aux défenseurs propres », explicite-il dans l’Équipe. »Axe« , « Maestro« , « Cafu« , « Demi-Dieu« , le Congolais collectionne les surnoms, mais celui qui lui colle à la peau malgré lui est « l’homme aux quatre dates d’anniversaire« . En effet, Chancel Mbemba est régulièrement la cible de quolibets sur sa date de naissance. Pour la Fifa, Chancel est né le 8 août 1994. Mais ses premières licences indiquaient août 1988 tandis que la fédération congolaise le présentait comme du 30 novembre 1991. Pour ajouter à la confusion, en interview, il a déjà déclaré être né en 1990. Un « exemple » malgré lui des fraudes à l’âge qui ont trop souvent cours dans le football africain.

Encore interrogé récemment sur cette polémique, il l’écarte en promettant de répondre sur le terrain : « Je ne calcule pas ça. Moi je suis droit. Ce sont des petits trucs, des gens qui parlent pour me décourager, me distraire. Mais mon objectif a toujours été clair et ça ne m’a pas du tout gêné. Des gens continuent [de parler de lui], moi je fais mon boulot. » S’il affirme avoir pour modèle parmi ses modèles le champion du monde français de 98 Marcel Dessailly, ce n’est pas dans l’Hexagone que le jeune Chancel va tenter sa chance en 2011 mais un peu plus au nord, en Belgique. Dans le plat pays, il rejoint le Royal Sporting Club Anderlecht comme Vincent Kompany, une autre de ses idoles. De la Belgique à la Canebière en passant par le Portugal, Il y passera quatre ans, deux en équipe espoir puis deux avec l’équipe première. Il impressionne par sa maturité physique et sa solidité. Il attire les regards et l’intérêt de clubs étrangers. Newscastle l’engage pour six millions d’euros en 2015.

Malheureusement, la première saison se conclut par une relégation en deuxième division et une perte de sa place de titulaire. À l’expiration de son contrat à l’été 2018, il rejoint le FC Porto. Un club où il va tout connaître : les titres (Champion du Portugal et vainqueur de la Coupe en 2020 et 2022), la Ligue des champions et surtout la reconnaissance. Sur la saison 2021-2022, il est le joueur le plus utilisé de l’effectif avec 47 apparitions. Tout simplement indéboulonnable en défense centrale aux côtés du vétéran Pépé.

« À Porto, on a gagné des titres mais je devais tourner la page. Ici, c’est comme un deuxième challenge. Je regarde l’OM à la télé, je vais apprendre et je suis content d’être ici « , déclarait-il à son arrivée dans le club phocéen. En matière de sélection nationale, son cœur a un temps balancé entre la RD Congo et la Belgique, son pays d’adoption. Il finit par faire le choix de son pays natal et étrenne sa première cape le 7 juin 2013 à l’occasion d’un RD Congo – Libye (0-0) en éliminatoires de la Coupe du monde. Il contribue à qualifier les Léopards pour la Coupe d’Afrique des nations 2015 et dispute l’intégralité des matches jusqu’à la petite finale. La RD Congo termine finalement sur la 3e marche du podium.

Les éliminatoires du Mondial-2018 restent un souvenir beau et tragique pour Chancel Mbemba. Dans le stade des Martyrs de Kinshasa, le défenseur inscrit un but ainsi que son beau-frère, Paul-José Mpoku, permettant aux Léopards de mener 2 à 0 face à la Tunisie, leur principal concurrent dans les très relevés éliminatoires africains. Mais Mbemba sort sur blessure. Le tournant du match pour l’entraîneur de l’époque, Florent Ibenge : « Chancel était magnifique, il planait sur la rencontre. Et il sort sur blessure à 2-0. En quelques minutes, la Tunisie revient à 2-2. Son absence a créé un vide immense dans l’équipe, physiquement, mentalement, l’adversaire s’est ragaillardi. » La RD Congo n’ira pas en Russie. La Tunisie oui.

Commence alors une traversée du désert de la RD Congo au niveau international. La CAN-2019 en Égypte se solde par un échec en huitième de finale face au modeste Madagascar (2-2, t.a.b. 4-2), malgré un but de Mbemba. Puis les Léopards échouent à se qualifier pour la CAN au Cameroun, tout comme pour le mondial au Qatar. Malgré tout, le désormais capitaine des Léopards reste exemplaire.Le prix Marc-Vivien Foé devrait mettre du baume au grand cœur du Léopard, en légère perte de vitesse depuis avril. Igor Tudor l’a sorti de son équipe type en raison d’un manque de tranchant physique ces derniers temps. Une mauvaise dynamique au printemps qui n’enlève rien au reste de sa saison. Et le Congolais, du haut de son expérience, le sait : son heure reviendra.

Rédaction / France 24

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Résoudre : *
6 − 1 =