Tribune : RwandAir, un cheval de Troie aérien ? (Alex Mulongo)

Il se disait depuis un temps que le ciel congolais sera ouvert à la compagnie aérienne nationale du Rwanda. Les escales à Goma et Lubumbashi de RwandAir permettent une liaison facile et directe de l’est congolais. Au niveau de la région des Grands Lacs, aucune compagnie n’a encore pu imposer sa suprématie, une chance de plus que se donne le Rwanda pour agrandir son influence. Ses prix attractifs sont un puissant argument marketing, un atout pour s’attirer une clientèle des classes moyennes.

On pourrait aussi y voir un signe d’apaisement des relations tendues entre la RD Congo et le turbulent voisin rwandais. Le négationnisme et les piques du président Kagame montre que ce n’est qu’un semblant de retour à la normale. Dans ses sorties médiatiques, il ne manque pas à houspiller, à charrier, les dirigeants congolais qui vont volontiers de temps en temps en pèlerinage à Kigali.

Le vol inaugural à Lubumbashi a été accueilli par la traditionnelle douche des camions anti-incendie. Nos frères et sœurs rwandais seront les bienvenues sur les terres hospitalières du Katanga. Nous partageons un passé colonial commun, leurs aïeuls ont servi de main d’œuvre dans l’industrie minière katangaise avant et après l’indépendance.

Comme dans les villes de l’est congolais, il est souvent dit que les populations cohabitent, le conflit est purement politique. Sur ce point, personne n’ignore que ce sont les politiques qui dirigent nos pays. A l’intérieur comme à l’extérieur, ce sont eux qui impriment la marque qui colle à chacun des citoyens. Dans une dictature éclairée, tout repose sur un homme. Le progrès spectaculaire du Rwanda post génocide attribué au leadership du président Kagame porte sa part d’ombre.

Les événements du 02 août 1998 appelés « deuxième guerre du Congo » nous apprennent que la découverte des infiltrés du gouvernement rwandais avait suscité des suspicions sur tous les rwandais. Le délit de faciès avait mis en danger certains congolais à la morphologie tutsi. La ville de Lubumbashi s’était vidée de tous ses rwandais. Aujourd’hui, RwandAir est le nouveau trait d’union des populations congolaises et rwandaises, une avancée dans les relations des deux pays.

Les méthodes de Kigali (espionnage, traque des dissidents et opposants politiques, main basse sur les richesses congolaises) devraient nous pousser à clamer notre droit à la paranoïa. Par les airs viendront les créatures de « Minembwe », les photos de ces jolies filles ont recommencé à circuler sur les réseaux sociaux. Les commentaires illustrent ce désir ardent de les rencontrer. N’oublions pas qu’elles font partie de la soft power de nos chers voisins. L’histoire de Nadège, une jeune espionne rwandaise en service au Canada, en est un parfait exemple. A ceux qui ont des postes à responsabilité, la confidence sur l’oreiller est une trahison qui peut mettre en péril le pays. Apprenons à faire simplement « bisou » et à dire « bye » !

Alexandre Mulongo

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Résoudre : *
26 ⁄ 2 =