Tribune : « A 6 jours des élections :Mettre fin à la spirale haineuse qui déchire le pays » (Claudel André Lubaya)

A 6 jours des élections, la spirale haineuse a complètement évacué de la campagne, le projet politique du président sortant. Annoncé le 08 octobre 2023 lors du dépôt de sa candidature, ce projet fut résumé par son auteur en trois concepts : « Renaissance ou REMONTADA, Développement et Crédibilité ». Le public en avait retenu la « REMONTADA ». C’est donc bien ce programme qui ne faisait plus allusion au précédent, à savoir « LE PEUPLE D’ABORD » qui devrait occuper, à tout le moins, la centralité de tout le débat électoral.

Malheureusement, depuis le 19 Novembre, ni le Président candidat ni ses équipes, personne ne l’évoque, si bien qu’on se demande sur quel projet porte finalement sa campagne électorale. A la place, on assiste à une dérive complètement irresponsable, porteuse d’une énorme charge de violence diffuse qui infecte notre vivre ensemble, et qui ne fait qu’enflammer les passions identitaires dans un pays aux équilibres fragiles. Partie des réseaux sociaux, elle a progressivement migré, tel un virus, vers les médias audiovisuels avant de dérailler complètement. Portée au plus haut niveau de l’état par le Président de la République, relayé à cette fin par son Ministre de la défense, la croisade identitaire a complètement déraillé, faisant ainsi peser sur le pays, le risque de déchirements.

Plutôt qu’un débat d’idée sur des questions de fond, on assiste passivement à un effroyable déferlement de haine à l’endroit d’une catégorie bien ciblée de compatriotes, stigmatisés jusqu’à la forme de leurs nez. C’est désormais un combat d’arrière-garde au populisme suranné, sur fond de xénophobie assumée, par des personnes mieux identifiées, comme hauts dignitaires de la République.

C’est la ligne rouge de notre vivre ensemble qui est franchie. C’est la République qui est touchée dans ses fondements. C’est la Nation qui est affectée dans sa composition. Bref, c’est une forme de violence d’autant plus insupportable qu’elle vise à fracturer le pays par des surenchères démagogiques.

Que reste-t-il encore du Congo, pays uni ? Dans tous les cas, quelle que soit l’issue de l’élection du Mercredi 20 décembre, le Président sortant et son Ministre de la défense demeureront dans l’Histoire comme porte étendard de la spirale haineuse, toxique, populiste et démagogique, qui s’enveloppe des mots, s’habille de haine, se couvre de prétextes et exploite la détresse sociale de certains compatriotes à des fins de positionnement, au point de fouler aux pieds, toutes les lois de la République. Dans une interview exclusive accordée au quotidien français Le Point, du 13 janvier 2022, Bernard Caseneuve, ancien premier ministre et ancien ministre de l’intérieur répond à deux questions qui s’invitent dans cette campagne congolaise.

1. Quels remède(s) préconisez-vous pour apaiser et rassembler la nation française à l’approche de l’élection présidentielle ?

Réponse : La parole publique doit être rare, mesurée, profonde et donner un sens à ce qu’est l’avenir de notre nation. Elle doit être respectueuse de ceux qui ne pensent pas comme soi. On ne peut pas, quel que soit le niveau de responsabilité qu’on exerce ou auquel on aspire, considérer que ceux qui sont dans l’opposition ou qui sont réfractaires à adhérer à ce que l’on propose ont nécessairement vocation à être malmenés verbalement, méprisés ou mis en cause. Sinon, il n’y a plus de respect dans la République. Il me paraît fondamental que dans le débat d’idées, le fond soit privilégié.

2. Qu’est-ce qui, selon vous, fait une nation ?

Réponse : Ce qui fait une nation, c’est l’ensemble de valeurs que les citoyens ont en partage, auxquelles ils tiennent et qui constituent un creuset de références et de principes sacrés, qu’il appartient aux responsables politiques de ne jamais remettre en cause. Ce creuset de valeurs est ce que nous avons en commun, il est l’ensemble de nos références communes qui font que ce qui transcende nos appartenances est plus important que chacune de nos appartenances. Et ce qui permet à un grand peuple de continuer à faire nation. (…) Je pense que réaffirmer, c’est une manière de dire que ce creuset de valeurs intangibles et sacrées ne peut pas être négocié et qu’aucune règle issue de telle ou telle idéologie radicalisée ou totalitaire ne peut venir remettre en cause les lois de la République, parce que la République sera plus forte que ceux qui cherchent à s’en prendre à ce creuset de valeurs.

Claudel André Lubaya, député national

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Résoudre : *
17 + 30 =